En France, la recherche archéologique s’organise autour de deux pas essentiels : l’archéologie préventive et l’archéologie programmée. La première, dont la montée en puissance ne cesse de croître depuis les années 80, vise à documenter les vestiges des sociétés passées avant leur destruction liée à des projets d’aménagements, depuis la piscine privée jusqu’au tracé autoroutier. Les besoins d’aménagements et d’infrastructures toujours exponentiels de nos sociétés font que le nombre de sites impactés ne cesse d’augmenter, sans toutefois que les moyens financiers de recherche et d’études soient toujours à la hauteur des destructions engendrées. Le second volet est celui de l’archéologie programmée qui concentre ses activités de recherche non pas sur les éventuelles destructions de vestiges anciens, mais sur des gisements répondant à des problématiques précises, visant à documenter certains aspects de nos sociétés passées. Ce domaine de l’archéologie programmée fut longtemps le champ d’activité de chercheurs bénévoles. Ces dernières décennies ont vu la professionnalisation de cette activité, aujourd’hui majoritairement animée par des chercheurs du CNRS ou des universités. Si ce pan de l’archéologie a pour force d’effectuer des recherches sur des questions bien précises et ciblées, elle a pour handicap de ne bénéficier que de financements très limités, et l’essentiel de ses activités repose sur l’implication de chercheurs bénévoles.
Depuis plusieurs décennies, les contraintes administratives ne font que croître et les archéologues impliqués dans les recherches programmées sont de moins en moins en nombreux. Cette tendance a connu un paroxysme en 2022 avec une baisse draconienne annoncée des crédits du ministère de la Culture sans qu’aucun des acteurs (y compris les agents du Ministère) n’en soit averti. Ce dédain face à nos recherches nous a alors conduit à créer cette Fédération de la Recherche Archéologique Programmée (FRAP), qui rassemble un collectif de professionnels, d’étudiants et d’associatifs, afin d’en fédérer les acteurs et actrices pour contribuer à améliorer cette situation.
Alors que la recherche programmée constitue l’une des forces majeures de l’archéologie française, tant en termes de production scientifique qu’en termes de formation, le fait est que les responsables de ces recherches ne sont jamais représenté·e·s en tant que tel·le·s dans les instances de la recherche archéologique, ni en France ni à l’étranger. L’attaque de 2022 n’est de plus pas la première : il y a une décennie déjà, l’archéologie programmée avait été la grande oubliée de la réforme de la loi sur le patrimoine. À l’époque déjà, une tribune signée là aussi de 1700 collègues avait alerté les autorités. L’objectif de notre fédération est de pallier ces manques, de dresser le panorama de la recherche archéologique programmée (en France comme à l’étranger) et de devenir un interlocuteur au même titre que tous les autres, dans un dialogue constructif et collaboratif avec tous.
Notre objectif n’est en aucun cas d’opposer entre eux les différents acteurs de l’archéologie programmée, ni d’opposer archéologie programmée et archéologie préventive : il est au contraire de permettre la mise en place d’un dialogue constructif entre nous tou·te·s afin d’améliorer nos pratiques et collaborations.
Face à la diminution drastique des budgets annoncés en 2022, une tribune a été publiée dans le journal Le Monde en février 2022 (consultable ici), signée par près de 1700 professionnels et étudiants (liste des signataires).

À la suite de cet appel, le Ministère de la Culutre (MCC) a répondu via le communiqué de presse suivant :

Dans ce communiqué de presse, le MCC s’engage donc formellement à rétablir en cours d’année le financement des recherches archéologiques programmées. Force est de constater que cette promesse n’a pas été tenue, aucun financement complémentaire n’ayant été bien entendu versé à ce jour (nov. 2022).
L’objectif de la FRAP est donc de se positionner comme un acteur représentant la recherche archéologique programmée en France. Elle vise pour cela de fédérer en son sein le plus grand nombre possible de collègues impliqués, afin que leur travail soit reconnu à la hauteur de leur apport scientifique majeur à la connaissance des sociétés passées.